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Les villes dans la course aux labels

Mardi, 18 avril 2017
FTT Team
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La Liberté

Développement urbain Amies des aînés, des enfants, du commerce équitable, du papier recyclé, etc. Les labels pour les communes se multiplient. 

Mi - février, la Ville de Berne a fièrement annoncé être « la première grande ville » équitable de Suisse. Elle venait d ’obtenir la distinction « Fair Trade Town » , un label relativement récent en Suisse (lire ci - dessous), qui vient s’ajouter à une liste déjà bien fournie. Pourquoi tant d’étiquettes? Analyse.

« Labellisme » : le syndic de Fribourg, Thierry Steiert, a inventé un mot pour décrire la « surenchère » des labels proposés aux villes et communes suisses. Leur nombre est si élevé et les domaines couverts si étendus que personne n’en a une vision d’ensemble.

Quelques exemples: outre le commerce équitable, les collectivités publiques suisses peuvent être « amies des aînés » ( initiative de l’Organisation mondiale de la santé comptant actuellement quinze villes en Suisse) ou briguer le label « commune amie des enfants » ( lancé par l’Unicef, affiché actuellement par 23 localités).

« La quantité ne facilite pas la distinction entre les labels », confirme Renate Amstutz, directrice de l’Union des villes suisses (UVS). « Nous sommes régulièrement sollicités pour transmettre des propositions à nos membres. Idéalement, un label devrait être précis et compréhensible pour tout le monde.»

Selon la directrice de l’UVS, les labels apportent de nombreux avantages aux villes: « Le travail de labellisation contribue à améliorer les processus à l’intérieur des administrations et permet de définir des stratégies d’avenir » , explique - t - elle. En outre, ils permettent des échanges au sein de la communauté formée avec les autres communes ayant le même label. Enfin, « ils renforcent l’image dans un domaine particulier, ce qui peut se révéler positif pour l’économie et pour la population.»

Crèches, bois...

Glaris Nord (18 000 habitants), une des premières « villes équitables » de Suisse, le confirme: « La distinction est un signal important vis - à - vis de l’extérieur » , note Andreas Neumann, porte - parole de la commune. « Elle a aussi contribué au développement d’une culture commune. Nous en profitons aussi car notre commune est toute jeune » ( Glaris Nord est née en 2011 de la fusion de huit communes).

Un coup d’œ il à la plus grande ville du pays, Zurich, révèle là aussi quantité de labels. « Outre de nombreuses certifications ISO, nous recensons entre autres le label Cité de l’énergie Or, QualiKita pour les crèches ou encore le label FSC pour le bois » , indique Nat Bächtold, porte - parole de la mairie. Grâce aux labels, certains services peuvent démontrer leurs qualités vis - à - vis de leur clientèle.

Mais ces avantages ont un prix. « Un label implique aussi une nouvelle charge de travail », précise Thierry Steiert à Fribourg. « Il faut souvent désigner un interlocuteur dans l’administration. Les dépenses doivent donc être proportionnelles aux avantages escomptés. » La ville de Fribourg dit ainsi se concentrer « sur les labels importants à nos yeux, pour lesquels un suivi est possible. »

Stop à La Chaux - de - Fonds

Le suivi: certaines villes ont fait l ’ amère expérience de la difficulté à l’assurer. Traversant une grave crise financière, La Chaux - de - Fonds a ainsi dû renoncer au label « Cité de l’énergie Or » . « Nous le regrettons » , note Matthieu Chenal, porte - parole de l’association Cité de l’énergie, « car la ville horlogère avait fait œuvre de pionnier et accompli un énorme travail. Globalement, les abandons sont marginaux. »

La semaine dernière, l’association a annoncé la certification de six nouvelles collectivités publiques, désormais au nombre de 418. La décision d’octroyer le label est prise par une instance indépendante et couronne la réalisation d’au moins la moitié de mesures énergétiques décidées par les candidats au label. La progression fait l’objet d’un contrôle régulier.

Economies

Delémont est l’une des 41 Cités de l’énergie « Or » de Suisse. « Il nous permet d’avoir des collaborations avec d’autres personnes et d’autres collectivités » , explique le maire Damien Chappuis. Et les coûts? « Ils sont supportables, d’autant plus que nous avons aussi fait des économies, grâce à certaines mesures, et que nous recevons des subventions » , répond - il.

La course aux labels ne connaît pas que des réussites. Ainsi, les « Cités en santé » n’ont séduit, jusqu’ici, que deux villes, Thoune (BE) et Uster (ZH). Ce label « couronne pourtant des démarches très intéressantes bénéficiant à l’ensemble de la population et profitant d’une base scientifique » , souligne Renate Amstutz. Mais il n’a pas trouvé d’écho notamment auprès des instances fédérales compétentes.

Lui aussi à la recherche de villes membres, Philipp Scheidiger, secrétaire général de l’association Fair Trade Town, rappelle que «certaines communes ont des difficultés à fixer des priorités, car elles ont d’autres problèmes – des programmes d’économies à mettre en œuvre, des questions migratoires ou encore des problèmes sociaux. »

Toutes les prestations publiques ne sont donc pas labellisées. Ou pas encore.